Chapitre XI

Les ennemis de Morane l’avaient hissé sur le pont de la jonque, pour le ligoter au mât. Devant lui, Joao Tseu se tenait debout avec, à quelques pas en arrière, la silhouette rébarbative et menaçante du gigantesque Tak-Chee, le lutteur. Plus en arrière encore, il y avait la bande anonyme de marins chinois, vêtus de vestes kaki boutonnées haut et coiffés de casquettes à courtes visières. Sur tous les visages, seule se lisait une hostilité froide, presque de la haine.

Tseu s’approcha de Morane et, par deux fois, le gifla.

— Allez-vous parler à la fin ?

Bob sourit.

— Parler ? fit-il sur un ton de moquerie. Je ne voudrais pas que vous me croyiez devenu sourd-muet.

Il s’interrompit, puis il dit encore :

— Voilà, j’ai parlé, monsieur Tseu. Êtes-vous content à présent ?

Ce ton de persiflage n’eut pas le don de plaire au métis. Du revers de la main, il frappa Morane sur la bouche, et celui-ci sentit le sang couler de sa lèvre blessée jusque sur son menton.

— Allons, monsieur Tseu, dit Bob d’une voix faussement soumise, je vois que vous connaissez la manière de parler aux gens et je vais tout vous dire.

Pendant un moment, Morane resta coi, guettant les réactions de son interlocuteur qui demeurait en attente, comme s’il escomptait des révélations sensationnelles. Alors, Bob continua :

— Vous voyez, monsieur Tseu, j’ai toujours aimé les beaux voyages, mais pas les voyages d’offices de tourisme. Voyager en première classe d’un paquebot de luxe ou d’un avion quadriréacteur ?… Fi donc ! Très peu pour moi. Non, j’aime les voyages romantiques. Tout à l’heure, après avoir quitté le Tigre Enchanté où vous m’avez reçu si courtoisement, je suis allé me perdre du côté du village de sampans. Là, j’ai aperçu cette jonque qui s’apprêtait, ai-je pensé, à appareiller. Je me suis dit alors : « Mon petit vieux, voilà ce qu’il te faut. Un voyage à bord d’une jonque au nom pittoresque, n’est-ce pas là toute la mer de Chine avec ses légendes, son dépaysement ? » Comme je suis excellent nageur et que je ne laissais rien derrière moi, je me suis mis à l’eau et ai tiré ma coupe jusqu’ici. Après être monté à bord, j’ai gagné la cale où je me suis caché.

— Nous savons tout cela, fit Tseu. Quelqu’un vous a vu, de la rive, gagner notre bord et on nous a prévenus ? Pourtant, il est inutile de continuer à parler de votre goût pour les voyages romantiques. Cette raison ne me paraît pas suffisante. Il vous faudra en trouver une autre.

À ce moment, Tak-Chee, le lutteur, s’approcha de Tseu et lui glissa quelques mots à l’oreille. Quand il eut terminé, le métis se tourna à nouveau vers son prisonnier. Sur son visage basané, il y avait une expression d’intérêt accru.

— Chee, mon précieux collaborateur, fit Tseu, me rappelle que, voilà quelques jours, à Hong-Kong, un étranger a tiré des mains d’amis à nous deux inspecteurs spéciaux de Scotland Yard un peu trop curieux. En nous basant sur les renseignements qui nous sont parvenus, votre aspect physique répondrait au signalement de cet étranger.

Bob se mit à rire.

— Scotland Yard, hein ? fit-il. Si je ne m’abuse, il s’agit là de la police anglaise. Je me demande bien pourquoi j’aurai rendu service à deux de ses membres ? Je ne veux plus rien avoir de commun avec la police de n’importe quel pays depuis qu’un agent de la circulation, à Paris, m’a dressé une contravention pour avoir roulé autour de la place de la Concorde, dans une auto ayant perdu une de ses roues arrière. Depuis ce moment, entre la police et moi, il y a un grand fossé qui n’est pas près d’être comblé. D’autre part, je n’ai jamais encore mis les pieds à Hong-Kong. Je suis arrivé directement à Macao, venant de Saigon.

Un mauvais sourire plissa le visage de Tseu.

— J’admire votre sens de l’humour, monsieur Morane, fit-il d’une voix moqueuse. Pourtant la plaisanterie n’est pas de mise ici.

Malgré tout son sang-froid, Bob n’avait pu s’empêcher de sursauter à l’énoncé de son nom. Jusqu’alors, le tenancier du Tigre Enchanté ne l’avait pas mentionné, et Morane pouvait espérer que son identité demeurerait inconnue de ses ennemis. Pourtant, il n’en était rien.

Le sursaut de Morane avait été remarqué par le métis, qui avait laissé échapper un bref ricanement.

— Surpris d’apprendre que je connais votre nom, n’est-ce pas, monsieur Morane ? Ce que vous ignorez, c’est que, depuis votre départ du Tigre Enchanté, vous avez sans cesse été suivi. Sans que je le sache moi-même d’ailleurs. Je possède, tout comme les amis que vous me connaissez, des anges gardiens qui agissent pour notre bien mais aussi à notre insu. Par l’intermédiaire de ces anges gardiens, j’ai appris, peu avant l’appareillage, qu’après votre départ du Tigre Enchanté, vous vous étiez rendu au magasin d’antiquités du Trésor des Sages. De là, vous nous aviez suivi à travers le village de sampans pour, ensuite, regagner votre hôtel et revenir à l’endroit que vous veniez de quitter et gagner la jonque à la nage. Une petite enquête a permis à ces anges gardiens d’apprendre que vous étiez arrivé le jour même de Hong-Kong, que vous étiez Français et vous appeliez Robert Morane. Comme vous le voyez, je suis parfaitement renseigné. Jusqu’à présent, j’ai feint de tout ignorer de vous, espérant que vous m’en apprendriez davantage.

— En un mot, lança Bob calmement, vous faisiez l’âne pour avoir du son. L’âne, voilà un rôle qui vous va à ravir, monsieur Tseu.

Au fond de lui-même, Morane était loin de ressentir une égale confiance. Non seulement il se trouvait au pouvoir de ses ennemis, mais encore ceux-ci paraissaient bien renseignés à son sujet. Des réflexions amères lui venaient. Alors qu’il croyait espionner lui-même les hommes de l’Empereur de Macao, il était espionné à son insu et chacun de ses actes, de ses mouvements, était soigneusement enregistré. Sans doute n’avait-il pas encore été tué simplement parce qu’on voulait savoir qui il était exactement et quel rôle il jouait dans tout cela. Déjà, probablement, Crance et Sprague Miller n’avaient-ils dû la vie qu’à cette circonstance. Monsieur Wan était un homme de précautions, et curieux en diable. Il aimait, avant de se débarrasser de ses ennemis, savoir ce que ceux-ci tramaient exactement contre lui.

« La curiosité de l’Empereur pourrait le perdre, songeait Bob. Il devrait frapper et se renseigner ensuite. »

Tout ce que Morane pouvait espérer pour l’instant c’était que ses ennemis n’aient pas connaissance de sa conversation téléphonique avec Crance. Tseu n’en avait pas soufflé mot. Un espoir demeurait donc permis.

— Êtes-vous décidé à parler, maintenant ? interrogea le métis.

Morane éclata de rire.

— Allez au diable, dit-il. Vous vous y trouverez en joyeuse compagnie.

Ce refus catégorique ne parut pas étonner le tenancier du Tigre Enchanté. Il ne montra non plus aucune colère.

— C’est fort bien, monsieur Morane, dit-il. Vous ne voulez pas parler ? À votre guise… Nous connaissons le moyen de délier les langues.

Se tournant vers Tak-Chee, Tseu lui dit quelques mots en chinois. Le géant hocha la tête et éclata d’un rire grossier. Aussitôt, il saisit une énorme baille, à laquelle était fixée une longue corde, et il se dirigea vers la rambarde. Il laissa glisser la baille par-dessus bord et la ramena remplie d’eau de mer. Revenant alors vers Morane, toujours ligoté au mât, il souleva le récipient à deux mains et en lança le contenu à la volée sur le prisonnier.

Pendant un moment, Bob demeura suffoquant et crachant sous cette douche inattendue.

Tous les marins de la jonque avaient éclaté de rire à cette joyeuse plaisanterie qui, pourtant, n’en était pas une. Bob devait s’en rendre compte bientôt, quand Tseu lui eut expliqué :

— Je vais vous laisser ici en plein soleil, sans boire. Vos liens, en séchant, se resserreront et blesseront vos chairs que le sel rongera et brûlera. De temps à autre, vous serez aspergé à nouveau et le supplice recommencera. Avant ce soir, vous serez, je vous le garantis, prêt à me raconter toute votre vie, depuis votre premier biberon jusqu’à l’heure présente.

— Si vous croyez avoir raison de ma résistance de cette façon, marmotta Morane, vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’à la taille. J’aime le soleil et le sel, et je me suis toujours senti dans l’eau comme dans mon élément.

Cette fois, le métis ne daigna même pas répondre. Il se détourna, et avec lui Tak-Chee et les autres Chinois. Morane demeura seul, à part quelques marins qui vaquaient sur le pont à leur besogne coutumière. Alors toute morgue, toute gouaille l’abandonna. Il n’avait plus maintenant à sauver la face. Seul avec lui-même, il devait reconnaître que la situation était désespérée. Il passa sa langue sur ses lèvres et sentit le goût du sel. Un goût qui était un peu déjà celui de la souffrance physique qui l’attendait. Alors, il regarda autour de lui. Nulle part il n’apercevait de côtes, ni d’embarcations. Il y avait seulement cette mer verte et désespérante de solitude. Ce soleil de plomb qui, tel une gigantesque tumeur dans le ciel, semblait vouloir dévorer tout.

 

* * *

 

La nuit était presque tombée. Durant toute la journée, Morane était demeuré ligoté au grand mât. Toutes les demi-heures environ, Tak-Chee venait l’asperger d’eau de mer et, petit à petit, ses souffrances étaient devenues intolérables. Non seulement à cause des liens enduits de sel qui, en se resserrant, écorchaient sa chair et la brûlaient, mais aussi à cause de la soif. Une soif qui le rongeait et le faisait rêver à un énorme bassin d’eau douce dans lequel il aurait aimé se plonger la bouche grande ouverte pour boire, boire, boire jusqu’à la noyade.

Depuis la disparition du soleil, Bob avait fermé les yeux et laissé rouler sa tête de côté sur son épaule. La voix de Joao Tseu le fit sursauter.

— Eh bien, monsieur Morane, êtes-vous revenu maintenant à de meilleures dispositions ?

Le prisonnier avait ouvert les yeux.

— Je suis dans d’excellentes dispositions, en effet, dit-il d’une voix faible, rendue rauque par la soif. Si vous voulez me détacher, monsieur Tseu, je vous montrerai dans quelles dispositions je me trouve à votre égard. Pour tout vous avouer, j’aimerais vous rendre le visage aussi plat qu’une feuille de papier à cigarette.

Tseu éclata d’un rire cinglant.

— Je m’aperçois, monsieur Morane, que vous n’avez encore rien perdu de votre entêtement. Peut-être qu’une nuit passée dans la solitude vous permettra de réfléchir. Si demain, à l’aube, vous n’êtes pas devenu plus docile, nous verrons à vous trouver quelques petits supplices plus efficaces.

Bob demeura silencieux. Par-dessus l’épaule du métis, il regardait la mer déjà assombrie par les premières avances des ténèbres. Durant la journée, le Poisson aux Nageoires Dorées s’était un peu rapproché de la côte et l’on traversait maintenant une étrange région océane parsemée de pitons rocheux semblables à d’énormes dents noires. De derrière un de ces pitons une jonque venait de surgir.

Elle était noire comme la nuit la plus noire et aucune lumière ne brillait à son bord. Telle quelle, elle paraissait abandonnée par son équipage et faisait songer à ce vaisseau fantôme des vieilles légendes. Pourtant, elle avançait trop vite pour être poussée seulement par les courants. Sans doute, si le diesel du Poisson aux Nageoires Dorées n’avait tourné lui-même, eût-on entendu le bruit de son propre diesel.

Du pont du Poisson aux Nageoires Dorées, on ne devait pas encore s’être aperçu de l’approche du bâtiment inconnu. Celui-ci était tout près déjà quand enfin un cri d’alarme fusa, poussé par un des marins du bord. Il était trop tard cependant. La jonque noire n’était plus qu’à une encablure à peine et, tout à coup, le long de ses flancs, deux grandes fleurs de feu s’épanouirent accompagnées de deux bruits sourds. Atteinte en plein bordage par les obus, la jonque à bord de laquelle Morane se trouvait frémit dans toutes ses membrures et donna dangereusement de la bande.

À présent, Joao Tseu paraissait avoir oublié totalement son prisonnier et hurlait :

— Nous sommes attaqués !… Aux armes !… Aux armes !… Tous sur le pont !… Tous sur le pont !…

À bord du Poisson aux Nageoires Dorées il y eut un soudain remue-ménage. Des cris fusaient. Des hommes jaillissaient des écoutilles, brandissant des revolvers et des coupe-coupe. Pourtant, l’alerte avait sonné trop tard. La jonque noire avait abordé et plusieurs dizaines de Chinois aux torses nus s’étaient lancés en vociférant à l’abordage, massacrant tout sur leur passage. Morane comprit alors que le Poisson venait d’être attaqué par l’un de ces pirates qui, de nos jours encore hantent les mers de Chine. Ce qui tendait à prouver que l’expression « les loups ne se mangent pas entre eux » avait été inventée par un moraliste à court d’imagination. Dès les premières secondes du combat, Joao Tseu était tombé frappé d’une balle en plein cœur. Tak-Chee le lutteur avait bientôt subi le même sort. Alors, impuissant, Bob dut assister au massacre des membres de l’équipage. Les pirates de la jonque noire se battaient comme des démons, sans faire le moindre quartier à leurs ennemis. Bientôt, le pont fut jonché de cadavres.

Les assaillants semblaient ignorer complètement le prisonnier ligoté au mât. Si plusieurs balles passèrent tout près de Morane, aucune ne l’atteignit cependant.

Quand le combat fut terminé à l’avantage des pirates, un grand diable à la carrure d’athlète, vêtu d’un pantalon de toile jaune et d’un serre-tête de même couleur, s’approcha de Bob. Il avait un visage d’une extraordinaire beauté malgré l’expression de cruauté froide qui s’y lisait.

Il dit, en pidgin, en toisant le prisonnier :

— J’ai l’impression que ce bon Mao, l’Ange aux griffes de dragon comme m’appellent mes compatriotes, est arrivé à point.

Le pirate cligna de l’œil et se mit à rire.

— Arrivé à point… Pourquoi ? Pour vous sauver ?… Mao n’est pas un bienfaiteur de l’humanité. Vous étiez prisonnier des hommes de cette jonque. À présent, vous ne l’êtes plus… Avouez que je vous rends là un bien grand service. Bien sûr, je pourrais trancher vos liens. Mais voilà, ni mon couteau, ni mon sabre ne coupent plus, surtout s’il s’agit de délivrer un chien galeux d’étranger.

Pendant que le chef des pirates parlait, ses hommes étaient descendus dans l’intérieur de la jonque pour en tirer tout ce qu’ils trouvaient de précieux et le transborder sur leur propre vaisseau.

— Peut-être serez-vous surpris d’apprendre que cette jonque que vous venez d’attaquer appartient à Monsieur Wan, dit Bob à l’adresse du pirate.

Le nom de l’Empereur de Macao ne sembla faire grande impression sur le Chinois, qui haussa les épaules.

— Monsieur Wan ou non, dit-il, Mao s’en moque. Certes l’Empereur de Macao est puissant, mais Mao n’a peur de personne et ne reconnaît aucune loi.

Le pirate se détourna. Sans plus se soucier du malheureux qu’il laissait ligoté au mât, il alla hâter le transbordement. Au bout d’une demi-heure, ce dernier fut achevé et les pirates s’apprêtèrent à regagner leur propre bâtiment. Alors Bob, se voyant sur le point d’être abandonné, comprit qu’il n’était plus temps de crâner et il se mit à crier :

— Vous n’allez quand même pas me laisser seul sur cette épave… Si au moins vous me détachiez et me donniez à boire… À boire… À boire… À boire…

Un des derniers pirates se trouvant encore à bord du Poisson aux Nageoires Dorées s’approcha alors de Morane. Décrochant une gourde de sa ceinture, il en colla, sans prononcer une seule parole, le goulot aux lèvres du prisonnier. Longuement, Morane but cette eau fraîche qui lui paraissait le plus grisant des nectars. Quand la gourde fut vide, le pirate se détourna. Toujours sans prononcer une parole, il regagna la jonque noire qui, bientôt, s’éloigna et disparut derrière les récifs.

Bob était demeuré seul sur le vaisseau abandonné et penché sur le flanc comme un énorme cétacé touché à mort. Seul avec tous ces cadavres encore chauds qui tout à l’heure, s’étaient révélés pour Bob des ennemis redoutables et qui, maintenant, n’étaient plus que chairs pantelantes et vaines. En Morane pourtant, il n’y avait plus à présent ni haine ni désespoir. Seulement de la reconnaissance. De la reconnaissance envers ce pirate anonyme qui, comme le bon Samaritain, était venu se pencher sur lui pour étancher sa soif.

 

L'Empereur de Macao
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